De toutes les avancées qui ont eu lieu depuis des décennies, internet est sûrement la plus belle, une source sans limite quel que soit le sujet que l’on cherche, d’un article que l’on souhaite acheter à des recherches que nos enfants peuvent faire n’importe où pour leurs études sans passer comme nous des heures dans une bibliothèque, le gain de temps est considérable, mais je me rend compte que c’est également une source d’angoisses et de stress énorme au quotidien, d’autant plus quand le sujet de nos recherches concerne notre santé où celle de nos enfants. Il y a également d’autres sources d’informations bien communes et anxiogènes.
Cela fait 1 an maintenant que je ne me sers de ma télé, tablette où téléphone que pour ce que moi j’ai décidé de regarder. Déjà avant l’arrivée du covid je n’étais pas très attirée par les informations, mais avec l’arrivée de ce virus, je me suis encore plus aperçue que ce qui est censé nous facilité la vie et nous divertir est finalement aussi ce qui nous stresse le plus. Beaucoup de personnes aujourd’hui ne font plus attention à ce qui se passe à l’intérieur de leur foyer, et à leur décharge comment le pourraient-ils ? J’imagines aisément que les gens en télétravail qui ont en plus la garde de leur enfant quand l’école est fermée ou simplement quand ils rentrent à la maison sont face à un dilemme important, comment les occuper au mieux afin d’être le moins « dérangé » possible afin de finir au plus vite le dossier super urgent sur lequel ils sont, rester informé des dernières annonces de notre gouvernement, et tout cela avec seulement 2 mains ??? Alors il est simple et compréhensible qu’à un moment donné, les enfants se retrouvent devant les informations, parce que la chaine info tourne en permanence où que le repas du soir est le moment idéal pour se tenir informé des dernières nouvelles.
En tant que parents, nous sommes tous inquiet pour la santé de nos enfants et nous essayons tous de faire au mieux pour les protéger. L’école aussi et il est clair que nos têtes blondes ont bien intégré les gestes barrières, ce qu’ils peuvent faire ou pas, comment jouer avec leurs copains etc. Certains s’en trouvent plus affectés que d’autres, et vivent très mal la situation, quel que soit leur âge. A 7 ans et demi, Salomé a parfaitement intégré tout cela et nous reprend même dans la maison si on ne fait pas comme à l’école. La maison, je la considère comme un cocon, un havre de paix où nous pouvons nous reposer, ne penser à rien, vivre dans notre bulle comme bon nous semble. Mais aujourd’hui, la donne a changé. La maison se retrouve également lieu de travail, école, garderie, … Et dans mon cas, je trouve que suivre tous les jours l’évolution du virus, le nombre de mort, etc n’est pas la meilleure idée du monde, ni pour moi, ni pour mes enfants, surtout Salomé puisque les autres sont assez grand pour aller chercher seuls les informations qu’il souhaitent. Comment ma fille pourrait-elle garder son insouciance et sa joie de vivre en entendant tous les jours que le nombre de morts est en augmentation, que le virus a muté etc. Alors il n’y a jamais d’informations à la télé ou à la radio chez moi et j’évite au maximum d’aborder le sujet devant elle. Mais même comme cela, elle finit par penser qu’il n’y a plus qu’une seule source de maladie, le covid. Ses copains et copines ne sont pas à l’école ? Elle ne se dit pas qu’ils ont peut-être un rendez-vous , un rhume, une grippe, une gastro où n’importe quel chose anodine. Non, même en cp, ils ne parlent plus que covid. Elle nous a même dit qu’une de ses copines avait dit que le covid n’existait pas. Je suis profondément choquée de voir qu’à 6 où 7 ans, les enfants parlent de complotisme sans s’en rendre compte qui plus est. Alors vraiment je fais mon maximum pour que la vie soit la plus douce et la plus normale possible, que ce moment de son enfance soit le plus normal et paisible.
Si vraiment je souhaite m’informer sur un sujet, internet est mon ami ! Encore faut-il aller vérifier la source et la fiabilité de ce que l’on peut y lire et savoir faire le tri.
Et que ce soit pour le covid où pour tout autre sujet c’est la même chose.
A l’époque de mon ainé, qui a 19 ans aujourd’hui, et qui se trouve être HP et dysorthographique, internet en était à ses débuts et peu d’informations circulaient sur internet sur ces sujets précis. Pour pouvoir le comprendre et l’aider au mieux, j’ai beaucoup lu et je faisais partie d’une association pour les enfants précoces, et j’ai mis un certain temps à trouver tout ce dont j’avais besoin mais du coup cela m’a laissé émotionnellement le temps de digérer toutes ces informations, comment mon fils pouvait réfléchir, ce qu’il pouvait ressentir, le temps de tester des choses pour lui faciliter la vie, de nous faciliter la vie en tant que parent également face à cet enfant qui ne rentrait définitivement dans aucune case prédéfinie par l’éducation nationale.
Aujourd’hui, ma petite princesse est également hors norme. Elle a été victime d’un AVC hémorragique in utéro et montre des signes de plusieurs formes de Dys. Premier reflexe si souvent employé aujourd’hui, aller chercher des infos sur internet. Et là, je me suis retrouvée confrontée à tellement de sites parlant du sujet que je ne savais même pas par quel article commencer. Alors j’en ai lu 1, puis 2, puis 3, mais en l’espace de seulement quelques heures j’en avais lu un nombre incalculable. Tout est si simple et facile, on lit, on clique sur un lien, on passe à un autre article, et alors que le nombre d’informations grandissaient dans ma tête, mes angoisses grandissaient en parallèle tout autant mais insidieusement, sans que je ne m’en rende compte, et alors que déjà à la base j’avais déjà bien compris que ma princesse était sérieusement handicapée par tous ces troubles qui la touchent sans que je n’ai de mots à mettre dessus, et bien mon niveau de stress s’est retrouvé en augmentation exponentielle sans pouvoir s’arrêter jusqu’à ce que je n’en puisse plus et que mes larmes coulent jusqu’à épuisement du stock à me demander comment je vais pouvoir l’aider, la comprendre, la protéger, la faire évoluer et je vous en passe …
Et là je me suis arrêtée et j’ai rembobiné le fil de ce qui s’était passé et j’ai fait un triste constat : est-ce que j’avais la moindre idée de qui avait écrit ces nombreux articles ? Aucune. Est-ce que je savais quelles sources avaient été utilisées dans ces articles ? Non plus … Résultat, je me suis retrouvé la tête pleine d’information, certaines surement vraies, d’autres non, qui ne faisaient qu’une chose, tenter de mettre ma fille dans une case, comme si on cochait des cases sur une liste de handicaps ! C’est quand même un truc de fou ! Autant je suis aujourd’hui une source d’informations assez fiable sur les enfants précoce parce que cela fait bien 17 ans sur les 19 de mon fils que je vis avec, que j’ai apprit de lui, grandit avec lui, prit le temps de m’informer, de rencontrer des gens divers et variés, participé à des réunions, etc qui font que aujourd’hui je maitrise le sujet mais jamais au grand jamais je ne me suis retrouvée dans un tel état de stress alors que je vous garantie que la vie n’a pas été facile tous les jours, ni pour lui, ni pour moi ni pour le reste de son entourage, et j’en apprend encore aujourd’hui !
Alors je me suis moi-même interdit de recommencer à regarder tout et rien sur quoi que ce soit qui concerne Salomé. Déjà, je suis retournée à ce que j’avais déjà dans ma bibliothèque, des livres (qui datent certes mais qui sont écrit par des références ) sur le sujet des dys, et si à un moment donné je dois aller regarder quelque chose, je me renseignerai d’abord sur qui est fiable en la matière et quelle lecture et la plus appropriée. Et privilégier également les entretiens avec des gens dont c’est le métier, des parents d’enfants comme la mienne où en tous cas qui s’en rapprocheront pour avoir des trucs et astuces qu’ils auront déjà pu tester avec leurs enfants et qui me feront gagner du temps tout comme je partage avec tout le monde à travers ce blog, c’est pour cela que j’ai décidé de le faire, mes expériences avec mes victoires, mes échecs, et notre vie afin que d’autres parents comme moi se sentent moins seules, parce que j’ai cherché, mais je n’ai pas vraiment trouvé de témoignages de parents dans mon cas et avec la vie que nous avons actuellement et cette pandémie, notre vie s’en trouvera à jamais changé et je pense que à l’avenir, quand nous seront sorti de cette crise, notre vie sera beaucoup plus axée sur l’individualisme que sur le partage, mais nous sommes des êtres humains, pas des robots, nous sommes fait pour vivre en société, pour partager, pour interagir et pas pour vivre chacun dans notre coin !!
Je refuse que ma princesse soit considérée comme autre chose que ce qu’elle est , une petite fille, qui a besoin de jouer, qui adore apprendre et qui doit « simplement » être aiguillée sur comment elle peut y arriver plus facilement, et aujourd’hui, au moment où j’écris ces mots, mon but premier est simplement de trouver un moyen de communiquer avec elle le plus facilement possible, de l’aider à nous faire passer son message quand elle ne trouve pas ses mots pour le dire, et quand nous y seront arrivés, nous pourrons passer à l’étape suivante, parce que le plus important pour moi en tant que maman n’est pas de savoir tout sur tout sur elle là maintenant tout de suite, c’est de m’assurer de son bien être et d’être sûre que notre foyer est pour elle ce que j’ai toujours voulu, une source d’apaisement et de tranquillité, où elle peut être elle-même et où on la comprenne et on l’accompagne dans ses joies comme dans ses peines. Et les réponses à mes questions viendront des personnes qui se démènent et qui font tout pour elle, pas d’un lien sur une page où j’aurai cliqué.
Internet, nos smartphones, toutes ces nouvelles technologies sont formidables parce que cela nous met tous à égalité sur toutes les informations dont nous pouvons avoir besoin dans notre vie. Mais attention, trop d’informations tuent l’information et si même nous parents nous nous retrouvons comme dans mon cas noyé par elles, comment nos ados peuvent y arriver ?? Il me semble aujourd’hui primordiale de revenir à la source, je ne parle pas de supprimer chez moi internet etc loin de moi cette idée, mais il me semble primordiale de vraiment être vigilent en tant que parent sur mon comportement vis-à-vis de tout cela parce que nous restons l’exemple de nos enfants , mais également d’accompagner les enfants et de ne pas les laisser seuls face à ce monde virtuel … je sais bien que les ados aujourd’hui sont happés par la société et qu’ils vivent avec, mais ils ne se rendent absolument pas compte de ce que tout cela implique, pour leur développement psychologique et leur équilibre …
Ce que je mets en place aujourd’hui pour ma fille et mon attitude de maman, définissent non seulement son bien être mais également sa vision qu’elle a d’elle-même.
Pour pouvoir affronter le monde en dehors de la maison et comment les gens la considère (parce que même à 7 ans, son monde est fait de comparaisons par rapport à des normes imposées, et elle sera fatalement jugée), même si je fais tout mon possible pour la protéger, parce que face à un handicap invisible, je me rend compte que chaque personne a une vision propre de ce qu’est le fait de la protéger, et il arrive parfois en tentant de faire le bien pour elle, ne serait-ce qu’en se taisant pour éviter le jugement, ce n’est pas forcément elle que les gens tentent de protéger au final, mais cela sera un autre sujet ….
Maman décalée